spasp, Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur

Par |2023-12-06T17:51:07+01:00 6 décembre 2023|Catégories : Critiques|

Mal­doror est de retour !

Ce livre titré Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur est un OENI. Je me per­me­ts cet acronyme puisque l’auteur les cul­tive à foi­son, pas seule­ment les LCD, GPS et autres DGPS (Dif­fer­en­tial Glob­al Posi­tion­ing Sys­tem), mais aus­si le CDFJ, soit la Com­po­si­tion Formelle Des Jours, aus­si la cel­lule AP qui est celle de l’Acquiescement Par­tic­i­patif dans laque­lle, après exa­m­ens divers suivi du feu vert des gou­ver­nants, un cou­ple est enfer­mé pour con­v­ol­er pen­dant une péri­ode de deux mois… 

Par OENI, j’entends un Objet Écrit Non Iden­ti­fi­able. L’éditeur présente cet ensem­ble comme un recueil de nou­velles, j’y ver­rais aus­si bien un jour­nal fan­tas­tique intime, une sci­ence-poésie fic­tion… Car cet ensem­ble de courts textes me fait le plus sou­vent penser à des poèmes en prose – sans doute à cause de leur inten­sité imaginaire. 

Dans sa Sai­son en enfer, l’autre qui n’est pas lui racon­te plusieurs de ses folies, spasp, qui non plus n’est peut-être pas lui, a aus­si les siennes. Il sem­ble bien qu’il con­naisse lui aus­si un enfer. Dans son pro­logue il pré­cise que « la peur est là », et dans son épi­logue : « L’épaisseur de l’angoisse qui monte / me rem­plit d’une sueur col­lante ». Pour­tant, spasp est un rigo­lo ! (Voir ci-con­tre son autoportrait)

Peut-être que sous sa fig­ure on assiste à la métempsy­chose de Mal­doror (puisque dans ce livre il est ques­tion de métempsy­chose). Le célèbre per­son­nage de Lautréa­mont quit­terait ses mon­stru­osités dix-neu­viémistes et plutôt marines pour vis­iter notre XXIème siè­cle, his­toire de les rem­plac­er par nos nou­veautés sci­en­tifiques et tech­niques actuelles et surtout à venir. Un Mal­doror, donc, réin­car­né en un spasp, ou du moins habi­tant son âme pen­dant le temps d’une écriture.

Mal­doror pour­ra, avec l’auteur, être aspiré par l’écran de son ordi­na­teur pour entr­er dans une autre dimen­sion, il pour­ra faire l’acquisition à Ha Noi d’une pièce de mon­naie qui lui garan­ti­ra de se déplac­er dans une zone d’ombre (qui peut-être l’engloutira ?). 

 

spasp, Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur, éd. Ubik art, 118 pages, 15 euros  – avec des illus­tra­tions de l’auteur.

Sous le moin­dre pré­texte il se trou­vera doté d’une paire d’ailes diaphanes qui l’enverra vire­volter dans les airs, et plus d’une fois il se retrou­vera cos­mo­naute embar­qué pour un voy­age fort risqué. À moins que, cat­a­pulté mal­gré lui dans la Thaï­lande qu’il a con­nue, une main le pousse dans la cab­ine d’un salon de mas­sage, thaï­landais donc, où l’attend une forme fémi­nine assise en lotus…

Car, à tra­vers ces divers­es tribu­la­tions, notre nar­ra­teur con­nait des ent­hou­si­asmes amoureux qui mal­heureuse­ment ne parvi­en­nent pas à se résoudre. Ou si c’est le cas, comme dans le salon de mas­sage thaï­landais, il arrête son réc­it au moment où l’on pour­rait lire : ils furent heureux et ils n’eurent aucun enfant. On saura seule­ment que la belle des belles, l’objet de la quête d’amour qui tra­verse l’ensemble du livre, pour­rait s’appeler Lamaï ; ou Aphrodite. 

On l’aura com­pris, emprun­tant à la poésie comme à la sci­ence-fic­tion, ce livre est par­ti­c­ulière­ment déjan­té, ce qui fait sa belle sin­gu­lar­ité. Il n’a rien de gra­tu­it. L’auteur écrit sur son site : « Je par­le des mots, plutôt je lance des mots comme des idées qui fusent. Il y en a qui revi­en­nent avec un effet de boomerang et qu’il faut éviter à tout prix. Le dan­ger est partout. »

 On retrou­vera dans ces textes l’univers pic­tur­al de spasp, du moins celui de ses col­lages et ses mon­tages numériques. Car avant tout, spasp, appelé aus­si Patrick Dan­ion, est un pein­tre pro­fes­sion­nel qui expose à Gent, à Paris, à Sin­gapour. On peut le retrou­ver sur son site : https://www.tiger-spasp.com/pages/265430/spasp-patrick-danion?isHome=1. Qu’il paraisse dans la col­lec­tion Libres d’ArTiSte des édi­tions ubik art basées à Mont­pel­li­er, rien que de normal.

Présentation de l’auteur

Spasp

Patrick Dan­ion fait une pein­ture en matière, il fab­rique lui même sa pâte à base d’acrylique. Il est con­stam­ment en recherche de nou­velles tex­tures, de nou­veaux adju­vants, de nou­velles techniques.
Son tra­vail s’étend sur les domaines de la pho­to, de l’art numérique, de l’image en mou­ve­ment, il com­pose ses textes et ses musiques. Le rythme des saisons et des paysages et la fig­ure de l’humain sont l’essence de son inspiration…

“Mon tableau a bien avancé, la pein­ture a com­mencé à séch­er, les couleurs se ravivent à l’évaporation de ce dilu­ant qui n’est que de l’eau.
J’exprime, je fab­rique, j’applique, je me repais, je malaxe, je triture.
Je par­le des mots, plutôt je lance des mots comme des idées qui fusent.
Il y en a qui revi­en­nent avec un effet de boomerang et qu’il faut éviter à tout prix. Le dan­ger est partout.

Biogra­phie

Patrick Dan­ion, né le 14 avril 1950, Paris 14ème .
Académie Char­p­en­tier 1967–1968, Beaux-Arts Paris 1969.

© Crédits pho­tos (sup­primer si inutile)

Bibliographie

Aphrodite, Lamaï et Verkoff l’enjôleur, Ubik-art-edi­­tions, 2023.

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

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Mathias Lair

Math­ias Lair Liaudet est écrivain, philosophe et psy­ch­an­a­lyste. Il a pub­lié une trentaine de poèmes, romans et nou­velles, d’essais chez une trentaine d’éditeurs qu’on dit « autres ». On trou­ve ses chroniques dans les revue Décharge et Rumeurs ; égale­ment des notes de lec­ture et cri­tiques dans divers­es revues et divers sites. Sous le nom de Jean-Claude Liaudet, il a pub­lié des ouvrages de psy­ch­analyse, et par­fois de poli­tique, chez L’Archipel, Fayard, Flam­mar­i­on, Albin Michel, Odile Jacob. Depuis qu’il a créé, dans les années 80, le CALCRE (Comité des Auteurs en Lutte Con­tre le Rack­et de Édi­tion) il défend le droit des auteurs. Il est actuelle­ment élu au comité de la SGDL (Société des Gens De Lettres).

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