Steve Dalachinsky, Reaching into the Unknown, Tendant le bras vers l’inconnu
Choix et traduction de l’anglais (U.S.) Franck Andrieux
Steve Dalachinsky - Septembre 2014 - Photo © Philip Bernard.
The Fallout of Dreams
1.
i came from a clean neighborhood
in Brooklyn
there were trees
a bridal path
a bike path
the big scary cemetery
the touch football
the dead-end street
the sewer to sewer stickball
punchball stoopball & potsie
the movie house & barbershop
ringolevio & hide-&-seek
the candy store deli & pizza place
girls the schoolyard the pool hall
the cigarettes hidden in an old tire
in the garage
& more much more
almost small town U.S.A. except that Brooklyn was
special like hot dogs & the Dodgers in Ebbets Field
when the day ended i went home
ate supper took a bath watched tv.....
2.
in the summer we took a trolley to the beach
the hot eye of the sun looked down as mom dished
out the lettuce & tomato sandwiches
i ate quietly with the waves between my ears
sand between the bread & crackling between my teeth
(so this was what a sandwich really was)
there were no cherry trees in Brooklyn except the one
in my backyard. i climbed it for comfort, refuge & protection
i put my hands in my lap swallowed the cherry pits
& waited for a tree to grow inside me...this was the age of the atom &
every atom of my fiber tried not to think of mushroom clouds
then i’d go inside. take a bath. watch tv
La Retombée des Rêves
1.
je viens d’un quartier sans problèmes
à Brooklyn
il y avait des arbres
un sentier équestre*
une piste cyclable
le grand cimetière effrayant
le terrain de foot
la rue en cul-de-sa
le base-ball sur plaques d’égout
la balle au poing la balle au mur & la marelle
le cinéma et le salon de coiffure
le chat-perché et le cache-cache
la confiserie et la pizzeria
les filles la cour d’école la salle de billard
les cigarettes cachées dans un vieux pneu
dans le garage
& beaucoup plus encore
presque une petite ville des États-Unis sauf que Brooklyn était
spécial comme les hot-dogs & les Dodgers à Ebbets Field
à la fin de la journée je rentrais chez moi
je dînais je prenais un bain je regardais la télé...
2.
l’été, on prenait un tramway pour la plage
l’œil chaud du soleil se penchait vers maman quand elle sortait
les sandwichs à la laitue & à la tomate
je mangeais tranquillement avec les vagues entre les oreilles
le sable entre les tartines et les craquements entre les dents
(c’était donc ça un vrai sandwich)
il n’y avait pas de cerisiers à Brooklyn sauf celui
dans mon jardin. je l’escaladais pour le confort, le refuge et la protection
j’ai mis mes mains sur mes genoux j’ai avalé les noyaux de cerises
& attendu qu’un arbre pousse en moi... ça a été l’ère atomique &
chaque atome de mes fibres a essayé de ne pas penser aux champignons atomiques
alors je suis rentré. j’ai pris un bain. j’ai regardé la télé
* Steve Dalachinsky joue avec l’homophonie de bridle (équestre) et bridal (nuptial).
3.
every thursday we had to attend auditorium
in public school our colors were green & white
we sang the national anthem & received lectures from the
teachers...sometimes in our class room after the pledge of allegiance
they’d tell us to duck down in a corner or under
our desks stuff our heads into our chests & our hands
behind our necks. they said this would save us if the “commies”
would ever drop the BOMB... (now i know better)
the standard joke at the time was
“when the bomb comes put your head between your legs
& kiss your ass good-bye” - it’s still pretty funny
afterwards i went home ate supper
took a bath with my toy atomic submarine... watched tv... etc.
4.
on weekends i dreamt of tigers or went to horror movies
with the gang...or best of all we’d hang around the pizza place
on east13th street & ave. j pretending to be tough
listening to the juke box or singing rock & roll songs on the corner
we called ourselves the j-tones. i was the lead singer
my nickname was little dilly-dally our gang was called the rebels
but my world began to cloud over my mind got
side-tracked & my temperament grew dark panic set in
i was sedated & berated & inundated with
words like “you’ll get better but it’ll take a long time.”
better from what? i asked but received no reply
so i closed the door wrote a poem... picked my nose
...took a shower ...masturbated... watched tv & waited.....waited
i waited ……. i waited ……..
5.
soon came the trips to the world of manhattan -
radio city & crazy times square 42nd street
lights action lust....the growing up blues
hearing that first jazz record...
zooming off to greenwich village & being real “beat”
& digging the Beatles
& smoking my first joint with the gorgeous bi-sexual black fem...
or ramming into the priest with the station wagon
who blessed our stoned little souls...
& by now coming home real late at night.....
too late to bathe too late to watch tv but never too late to sleep
3.
chaque jeudi on devait aller à l’auditorium
de l’école publique nos couleurs c’était vert & blanc
on chantait l’hymne national & on recevait les cours des
enseignants... parfois dans notre salle de classe après le serment d’allégeance
ils nous disaient de nous accroupir dans un coin ou en dessous de
nos tables de nous fourrer la tête dans la poitrine et nos mains
derrière la nuque. ils disaient que cela nous sauverait si jamais les « cocos »
lâchaient la BOMBE… (maintenant j’en sais un peu plus)
la blague classique à l’époque c’était
« quand la bombe arrive, mets ta tête entre tes jambes
et embrasse ton cul salut » - c’est toujours très drôle
après ça je rentrais je dînais je prenais
un bain avec mon sous-marin atomique en plastique... je regardais la télé... etc.
4.
le week-end je rêvais de tigres ou j’allais voir des films d’horreur
avec la bande... ou mieux encore on traînait autour de la pizzeria
à l’angle de la 13ème rue Est & de l’avenue J, on jouait les durs
on écoutait le juke-box ou on chantait des chansons rock & roll au coin de la rue
on s’appelait les J-tones. j’étais le chanteur principal
mon surnom c’était le p’tit traînard notre bande s’appelait les Rebelles
mais mon monde a commencé à s’obscurcir mon esprit s’est
égaré et mon humeur s’est assombrie la panique s’est installée
j’ai été mis sous sédatifs, réprimandé & inondé de
paroles comme « tu vas te rétablir, mais ça prendra beaucoup de temps ».
rétablir de quoi ? j’ai demandé mais je n’ai eu aucune réponse
alors j’ai fermé la porte j’ai écrit un poème... j’ai mis mon doigt dans l’nez...
pris une douche... me suis masturbé... regardé la télévision & attendu… attendu…
j’ai attendu... j’ai attendu…
5.
bientôt les excursions dans le monde de manhattan -
radio city & la folie de times square 42ème rue
les lumières l’action la luxure... le blues en devenir
entendre ce premier disque de jazz...
filer vers Greenwich Village et être un vrai « beat »
et kiffer les Beatles
et fumer mon premier joint avec la magnifique femme noire bisexuelle...
ou percuter le prêtre avec le break
qui a béni nos petites âmes défoncées...
et rentrer maintenant à la maison très tard dans la nuit...
trop tard pour se baigner trop tard pour regarder la télé mais jamais trop tard pour dormir
6.
then the big upset
the principal came over the P.A. one day
announced that the president had been shot
& that we could all go home -
i got home washed ate supper & sat in front
of the tv
there was the waiting & the waiting & then the
death
suddenly weird things began to happen
the fallout from all those dreams
became even more painful…
my eyes started drifting my ears heard different sounds
different pieces of america started to bombard me
negroes buffaloes bridges & rainbows
acid rain & strange acid worlds…
there were insides & outsides their side & our side
bathtubs missles & tv
7.
well the trolley’s gone & so is the 15 cent fare
the fallout shelters have fallen into decay &
those funny little yellow signs have rusted
or ripped away
i go to the beach whenever i can pick my nose
take showers & watch tv
mostly old movies & the news
i still eat burgers pizza cornflakes peanut butter &
cherries
i still wait for the tree to grow inside me
though now i know it never will
i think about the world a lot
& pretend that i am safe
as i watch the cherry blossom fallout
....................sometimes i sleep... sometimes i......................................
6.
puis le grand chamboulement
le directeur un jour est venu annoncer
par le haut-parleur que le président avait été abattu
et que nous pouvions tous rentrer chez nous -
je suis rentré à la maison me suis lavé j’ai dîné & me suis assis devant
la télé
il y a eu l’attente & l’attente & puis la
mort
soudain des choses étranges ont commencé à se produire
la retombée de tous ces rêves
est devenue encore plus douloureuse…
mes yeux ont commencé à dériver mes oreilles ont entendu des sons différents
différents morceaux d’Amérique ont commencé à me bombarder
des nègres des buffles des ponts et des arcs-en-ciel
des pluies acides et d’étranges mondes acides…
il y avait des dedans & des dehors leur côté & notre côté
des baignoires des missiles & la télé
7.
bon, le tramway a disparu & les tickets à 15 cents aussi
les abris anti-atomiques sont tombés en ruine &
ces drôles de petits panneaux jaunes ont rouillé
ou été arrachés
je vais à la plage à chaque fois que je peux me curer le nez
je prends des douches & je regarde la télé
surtout des vieux films & les infos
je mange encore des hamburgers de la pizza des cornflakes du beurre d’arachide & des cerises
j’attends toujours que l’arbre grandisse en moi
bien que maintenant je sache que ça n’arrivera pas
je pense beaucoup au monde
et je fais semblant d’être en sécurité
tandis que je regarde tomber les fleurs de cerisier
… parfois je dors... parfois je…
« we live in the faces on the wall… »
we live in the faces on the wall
in the drum within the soul
of the dancer
in the skuttle & the tap & the
boogie woogie...
heartbeats
we sing with the arts within our blood
as the hood of the sky shelters us
from
demons & stars
we walk on the waters of life &
fall apart in its presence
like shy little kids by the campfire
life life
we scat in time's trunk
& break the chains of life
we fold like flowers
like old linen
like old paper
& old scotch
fold into ourselves like notes
we live within the monsters & the mothers
of the world
fold into ourselves like notes
we devour our breakfast
we devour our lunch
we devour our dinner
we devour our ancestors
we live in the faces on the wall
embraced by the shawl of winter
kissed by the lips of spring
haunted by the rhythms of summer
devoured by the colors of fall
while we devour our children
devour the lives on the wall
fill our eyes with rainwater
& abandon ourselves to the light
« nous vivons dans les visages sur le mur… »
nous vivons dans les visages sur le mur
dans le tambour au cœur de l’âme
du danseur
dans l’escampette & les claquettes & le
boogie woogie...
battements du cœur
nous chantons avec les arts dans notre sang
tandis que la capuche du ciel nous protège
des
démons & des étoiles
nous marchons sur les eaux de la vie &
tombons en morceaux en sa présence
comme des gamins timides près du feu de camp
la vie la vie
nous faisons du scat dans la malle du temps
et brisons les chaînes de la vie
nous nous plions comme des fleurs
comme du vieux linge
comme du vieux papier
& du vieux scotch
nous nous replions sur nous-mêmes comme des notes
nous vivons dans les monstres & les mères
du monde
nous nous replions sur nous-mêmes comme des notes
nous dévorons notre petit déjeuner
nous dévorons notre déjeuner
nous dévorons notre dîner
nous dévorons nos ancêtres
nous vivons dans les visages sur le mur
enveloppés dans le châle de l’hiver
embrassés par les lèvres du printemps
hantés par les rythmes de l’été
dévorés par les couleurs de l’automne
pendant que nous dévorons nos enfants
dévorons les vies sur le mur
remplissons nos yeux d’eau de pluie
et nous abandonnons à la lumière
GIVERNY met en scène Steve Dalachinsky faisant un aller-retour dans le village français de Giverny, tandis qu'il lit son poème du même nom.
Submarine Kyrsk
(for Marty Marz)
Brighton Beach, Brooklyn, NYC, October 16th, 2000
People walk along the garbage strewn shore like gulls
They have forgotten how to look for themselves
Words vanish on water
Fine polished stones in the palm of a great magician
The wind is vast yet concise
It shifts the current sideways
Picks up just enough sand to thinly blanket my eyes
& plays with the feathers of birds
Like a teasing older brother
Only the clouds remain unmoved
A white gardenia in a blue bikini floats by
My wife sleeps powdered donut on sheet
A fattening young man fondles his girlfriend’s heart
Kisses her navel disguising his desires
People litter the shore like garbage
Too heavy for the waves to carry
Too lost & shameless to burrow beneath the sand like crabs
Too large to fit into the mouths of gulls
They have forgotten how to look for themselves
The magnified light of the sun
Burns a whole in my chest
Empty chest
Where once a smooth polished stone lay –
Now disappeared
Like words
Beneath
The ocean floor
Le sous-marin Kyrsk
(pour Marty Marz)
Brighton Beach, Brooklyn, New-York, 16 Octobre 2000
Les gens marchent le long du rivage jonché de détritus comme des mouettes
Ils ont oublié comment se chercher eux-mêmes
Les mots disparaissent sur l’eau
Fines pierres polies dans la paume d’un grand magicien
Le vent est large mais furtif
Il déplace le courant latéralement
Emporte juste assez de sable pour couvrir légèrement mes yeux
& joue avec les plumes des oiseaux
Comme un grand frère taquin
Seuls les nuages restent impassibles
Un gardénia blanc dans un bikini bleu flotte tout près
Ma femme dort beignet au sucre sur une serviette
Un jeune homme engraissé caresse le cœur de sa petite amie
Embrasse son nombril en masquant ses désirs
Les gens jonchent le rivage comme des déchets
Trop lourds à porter pour les vagues
Trop perdus et sans gêne pour s’enfouir sous le sable comme des crabes
Trop grands pour entrer dans le bec des mouettes
Ils ont oublié comment se chercher eux-mêmes
La lumière magnifiée du soleil
Brûle tout dans ma poitrine
Poitrine vide
Là où se trouvait jadis une pierre polie et lisse –
Maintenant disparue
Comme des mots
Au fond
De l’océan
tonight @ noon
(Charles Mingus in Tompkins Square Park - 1960’s)
you said you
weren’t you that day
you stood behind me
in the crowded park
a big man with a camera
around your neck
hands nearly
smothering it
i turned around
looked into your eyes
& asked
“Aren’t you Charles Mingus ?”
you turned your head
slightly to the left
raised one finger to your lips
looked off into the distance
said very softly in that slightly
husky voice
“Shhh. I’m not Charles Mingus today.
I’m a photographer.”
i turned back toward the stage
waited for the music to begin
ce soir à midi
(Charles Mingus au parc de Tompkins Square – années 60)
tu as dit que tu
n’étais pas toi ce jour-là
tu te tenais derrière moi
dans le parc noir de monde
un grand homme un appareil photo
autour du cou
les mains presque
le cachant
je me suis retourné
je t’ai regardé dans les yeux
& j’ai demandé
« N’êtes-vous pas Charles Mingus ? »
tu as tourné la tête
légèrement à gauche
porté un doigt à tes lèvres
posé ton regard au loin
tu as dit très doucement de cette voix
un peu rauque
« Chut. Je ne suis pas Charles Mingus aujourd’hui.
Je suis photographe. »
je me suis retourné vers la scène
en attendant que la musique commence
Steve Dalachinsky se produit lors du marathon radiophonique Dial-A-Poem de John Giorno au Red Bull Arts à New York le 30/07/2017. © Steve Dalachinsky.
One for Shepp (1980)
Shepp screams sweetly into the nite
summer ‘65
some new thing @ Newport in the rain
some new pain jolting the brain
bones moan
hungry angry shivers wobble the minds of the weak
it’s recorded testament now
as rain & shadows chase the cat that
eyes the sparrows
hanging like leaves from the leafless tree
cold ghost eyes staring thru these little birds
@ some spot beyond even the sky
meditative eyes that watch the scene
so blankly
thru cobwebs on the window
& thistles on the fence
Shepp screams calmly for the dying ones
who sped junk sick and beaten black/blue
to their private corners rotting
on rooftops engraved into hallways
bottoms always bottoms
moaning “call me by my rightful name”
to the shining white symbols of light
who spit silver onto their corpses
corpses that dream the frozen golden dream
while passing borrowed & unnoticed into forever
fingers snapping snapped necks coughing chocolate
into the wind
go out on this nite
tightly
wrap yourself in fire
make your cry heard
you a gypsy
only wanting space in this overcrowded barren room
where even life marks time
unnoticed like cats & birds in trees.
Un pour Shepp (1980)
Shepp hurle gentiment dans la nuit
été ’65
une chose nouvelle à Newport* sous la pluie
une peine nouvelle secouant la cervelle
gémissement des os
frissons de colère de faim font trembler les esprits du faible
c’est un témoignage enregistré maintenant
tandis que la pluie & les ombres poursuivent le chat qui
regarde les moineaux
suspendu comme les feuilles de l’arbre sans feuille
les yeux froids d’un fantôme qui transpercent les petits oiseaux
en un point au-delà même du ciel
des yeux méditatifs qui observent la scène
le regard vide
à travers une toile d’araignée sur la fenêtre
& des chardons sur la clôture
Shepp hurle calmement pour les mourants
qui s’injectaient leur came malades et vaincus noirs/bleus
dans leurs recoins privés pourrissant
sur les toits gravés dans les couloirs
derniers toujours derniers
gémissant « appelle-moi par mon vrai nom »**
aux blancs symboles brillant de lumière
qui crachent de l’argent sur leurs cadavres
des corps rêvant au rêve d’or gelé
tout en passant empruntés & inaperçus pour l’éternité
doigts qui claquent nuques brisées chocolat recraché
dans le vent
sortir dans cette nuit
fermement
enveloppe-toi dans le feu
fais entendre ton cri
toi le gitan
en demande d’espace dans cette salle déserte surpeuplée
où même la vie marque le temps
inaperçue comme les chats & les oiseaux dans les arbres.
* New Thing at Newport, album de Archie Shepp, enregistré en live au Festival de Newport en 1965.
** Call Me By My Rightful Name, composition de Archie Shepp, in New Thing at Newport.
Steve Dalachinsky, l'un des artistes membres fondateurs d'Arts for Art, se produit lors de la célébration de la mémoire du pianiste Cecil Taylor (25 mars 1929 - 5 avril 2018) organisée par Arts for Art.
Insomnia Poem # 14
(continuous loop)
insomnia is mostly circular
then lines & waves like the passage of time or the flowers of trees
the bedding down of bodies embraced & betrayed by life & myth
interlocking mounds of dust portraits of hanged skin & geometry’s
profiles of water a dilating compass the crisscross & nearmiss
of river & ocean of tide & shore
elevated above the treeline there is a winding road i am there somewhere
patches of moist hours devour the clock as they gnaw at me
it’s a continuous loop well travelled
& and i am always so tired
Poème d’Insomnie # 14
(boucle continue)
l’insomnie le plus souvent est circulaire
alors des lignes & des ondes comme le passage du temps ou les fleurs des arbres
des corps qui s’allongent embrassés et trahis par le mythe & la vie
monticules de poussière imbriqués portraits de peau suspendue & coupes
d’eau géométriques étendue qui se dilate l’enchevêtrement et la quasi-collision
des rivières & des océans de la marée & du rivage
hissée au-delà de la ligne des arbres il y a une route sinueuse je suis là quelque part
plaques humides les heures dévorent l’horloge à mesure qu’elles me rongent
c’est une boucle continue fort bourlinguée
& je suis toujours si fatigué
Steve Dalachinsky et Franck Andrieux - Septembre 2014 - (Photo : Benjamin Duboc).