Jeanpyer Poëls, Aïeul
S'agit-il d'un recueil ou d'un poème ? C'est que Jeanpyer Poëls est avare de ses mots. Un vers ou deux (rarement) brefs, la plupart du temps, par page. C'est suffisant pour tracer le portrait d'un aïeul tout en noblesse et peu causant. Les indices sont égrenés parcimonieusement de page en page : Witloof, chicorée, Orchies… Le lecteur peut alors se souvenir que Jeanpyer Poëls est né dans le Nord de la France ; le Nord, terre du chicon, Orchies berceau de la société Leroux… C'est donc la région qui est ainsi décrite, par un bout de la lorgnette (witloof est le nom flamand de la chicorée…) : portrait d'un aïeul enraciné ! Deux citations closent ce livret : l'une de Jean Rostand, tirée des "Pensées d'un biologiste", l'autre de La Rochefoucauld, tirées de ses "Maximes", toutes deux qui remettent la vieillesse à sa juste place… Tout est à découvrir. Mais qu'on ne s'y trompe pas : cette concision est gage de qualité. Jeanpyer Poëls édite aussi des "estampes pauvres" avec les moyens du bord tirées à petit nombre d'exemplaires et qu'il envoie à ses amis et assimilés. C'est réjouissant même si l'on remarque la même parcimonie à l'égard de la langue, ce qui explique que ses vers ressemblent à des aphorismes…