J’avais à renaître de mes cendres
ce fut une surprise
trop longtemps sans recevoir de visites infernales
j’avais trouvé sur terre mes morts
irradiés par l’arc-en-ciel des siècles larges
arrière-arrière-arrière-Arrière-cousins à la mode
de Bretagne
moi fidèlement cataleptique devant eux
en coma insulinique
prêt à rouler sur le mortel versant
j’avais à me ré-agenouiller sur les graviers
de mes vilaines petites cours at home
engorgées de Zombies de menthes
d’un parfait matériel folklorique
on y peut farfouiller partout ramper gamberger
mastiquer
m’asticoter compulser micocouliers
souffler faux dans le clairon vairon de mon
arrière-arrière-arrière-Arrière-neveu à
la mode tout simplement un âne
taper dans les tambours-testicules des mes plus récentes
copines
faire la queue aux bardesses féminin des bardes
dans la vraie maison principale principielle
et distinguer de là uniquement
la comète qui annonce mon retour
brillante comme au fond d’un puits un seau d’étoiles
ainsi que le vôtre
j’avais à naître encore surtout en Jacques à la barbe
chénopode
perdu pour sa maman et leurs complexes communs
déjeté par sons amour du farniente et de l’amour
et surtout en tous les autres c’est
moi Diégo
El Capucino
dont l’apparition coïncide avec la vôtre
je n’ai d’autre but que
d’emprunter un éléphant un château
des drapeaux heureux des planches et chevrons
basta !
de lessiver la planète sans pouvoir lui fournir mes
raisons
de me planquer dans les villages
toujours capter les sanglants filaments du futur
par exemple à Cracovie où les rues vides
hurlaient silence par le regard de leurs fenêtres
j’avais à être éjecté des veines de la mort
avec mon énorme fardeau prophétique
ils rient et ils oublient
c’est moi Diégo
j’ai tout abandonné avant que de me mettre en
wagon à bestiaux
c’est moi qui longe l’avenir en mugissant
pattes cassées
je recommence à zéro venu d’Espagne par Hampton
Court
en tremblotant sur mes pattes gélatineuses
des endroits où l’on assassine
et dévore en particulier l’âme des animaux
je suis la fille en velours au chapeau fripé
planté de camélias de gardénias de pancakes
un parterre plein les yeux
je suis le garçon tête-solaire avec une roue
au bas
du ventre
la vieille tâtant le mur d’une main
l’autre pleine d’oignons
l’idiot-type
les mots poussant de sa bouche comme les pètes hors
d’un anus de chèvre
sur son front en tuyau cinq agrafes
et du mercurochrome
il l’a fait exprès il nous surclasse
vous moi nous avant et après
je recommence
ô j’ai tant souffert toujours partout tant mieux
Poèmes extraits de C’est moi Diégo (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1971).