Thierry Cazals et Julie Van Wezemael, Des haïkus plein les poches
Thierry Cazals a une passion contagieuse pour le haïku. Depuis plus de vingt ans il transmet sa passion pour ce genre poétique venu du Japon à des écoliers, collégiens et lycéens de toute la France. En vrai pédagogue, il détaille aujourd’hui (en compagnie de l’artiste Julie Van Wezemael) l’originalité et la spécificité du haïku.
Des propos qu’il accompagne de textes de maîtres du genre mais, surtout, d’enfants qu’il a initiés à l’écriture si particulière de ce nano-poème.
Il n’y a pas de lourdeur dans le haïku. Il n’y en a pas, non plus, dans le livre de Thierry Cazals. Se mettant dans la peau d’un jardinier (de la terre et des mots), il nous entraîne dans un récit vivant et coloré, fait d’échanges et de dialogues, qu’il engage notamment avec des jumeaux, « une fille et un garçon qui passent toutes leurs vacances d’été dans le coin ». Le propos est limpide, accompagné des illustrations de Julie Van Wezemael dont le graphisme et le chatoiement de couleurs nous ramènent au meilleur des albums ou livres pour enfants.
Pas de grand discours, donc. Plutôt rappeler des règles simples. Ne pas se focaliser par exemple sur le nombre de syllabes par vers mais plutôt « communiquer une impression de fraîcheur et de légèreté ». Thierry Cazals nous le rappelle : « La beauté du haïku ne découle pas du respect des règles, mais de sa simplicité, de son évidence, de sa naturalité ». Et il cite à deux ou trois reprises ce magnifique haïku de Naojo : « La cueillir quel dommage ! / la laisser quel dommage ! / Ah ! cette violette ».
« Le haïku n’est jamais autant réussi que lorsqu’il abrite à la fois le grandiose et le cocasse, la beauté sublime et le trivial » et quand il peut aussi « mélanger douce compassion et ironie », note Thierry Cazals. Exemple ?
Thierry Cazals et Julie Van Wezemael, Des haïkus plein les poches, Cotcotcot éditions, 260 pages, une version à 10 euros et une version limitée cartonnée à 25 euros.
Ce haïku de Jean Féron : « Après le mariage / le curé balaie le riz / pour ses poules ».
Au-delà des conseils avisés de l’auteur (Thierry Cazals est lui-même haïjin), on découvre dans ce livre un panel d’exercices pratiques, souvent ludiques, à réaliser en classe ou en groupe. Par exemple, apprendre à repérer lequel des cinq sens s’exprime dans tel ou tel haïku d’auteur, apprendre à écrire un haïku sans verbe, faire son autoportrait en haïku, partir des quatre mots « là où je vis » pour écrire un haïku… « Là où je vis / il y a plus d’épouvantails / que d’humains », écrivait le haïjin japonais Chasei. « Là où je vis / un volubilis amoureux / d’une échelle », écrit Thierry Cazals lui-même. « Là où je vis / mon ballon / fait rage contre le mur », écrit un collégien de Cherbourg.
Le livre fourmille de suggestions pour s’approprier ce genre poétique et Thierry Cazals ramasse au fond, dans ce livre, tout ce qu’il a expérimenté. De Lesneven à Courbevoie, d’Abbeville à Condé-sur-Sarthe, de Ploumagoar à Romorantin… « Combien d’enfants ai-je rencontrés depuis que je vais dans les bibliothèques et les écoles partager ma passion du haïku ? Mille ? Dix mille ? Plus ? ». Et Thierry Cazals, manifestement, n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin.