Thierry-Pierre Clément reçoit le Prix Aliénor d’Aquitaine pour Approche de l’aube

Avant l’aube, il y a le  noir, l’obscur. Avec l’aube surgit la lumière.Thierry-Pierre Clément, poète bruxellois, entend être le témoin – jamais lassé – de cette évidence. Veilleur lui aussi, comme tant d’autres poètes en quête de « l’indicible »et de « l’invisible ».

Qu’il se trouve « dans la montagne », « sous les arbres », ou « avec les fleurs », Thierry-Pierre Clément multiplie les exercices de contemplation. « Les paroles sont inutiles/être simplement là/présent devant le monde/présent devant la rose ». Que de paroles inutiles, en effet, ne pourraient être dites pour parler de « la beauté » de « l’ivresse », de « la joie », de « l’espérance, du « secret »… Ce sont les titres de certains de ses poèmes, autant de beaux thèmes philosophiques que l’auteur aborde en quelques vers bien frappés.

Thierry-Pierre Clément, Approche de l’aube,, préface de
Jean-Pierre Lemaire, éditions Ad Solem, 117 pages, 19 euros.

 

 

Pour parler de « l’ignorance », il y a ces simples six vers : « Papillon fou/entre lampes et fenêtres/affamé d’espace// tu ne vois pas/la porte ouverte/sur le jardin ». Poèmes brefs, donc, tendus. Jusqu’à l’épure du haïku ou à ce qui y ressemble dans ces trois vers : « Chant de la grive/même le merle//écoute ».

Mais il n’y a pas chant béat dans ce recueil. Car il y a, nichés quelque part, la blessure et le manque. « Les poèmes me requièrent/je ne puis que m’y livrer/comme un captif au bûcher ». Voici donc le poète évoquant ses « paradis perdus ».Étreintes de la nostalgie et, sans doute, chagrins enfouis. « Tu regardes se perdre/ce qui n’est pas venu/s’achever le printemps/qui  n’a jamais été ». Et, plus loin : « Ce qui est perdu/ce qui s’en est allé// qui a disparu/qui ne reviendra pas//à quoi l’on ne s’arrête pas/de dire adieu ».

Mais il y a toujours un pays derrière le chagrin. Une aube nouvelle après la chape noire des désillusions. Il y a l’approche de l’aube. «  Ce recueil retrace un itinéraire qu’on osera dire mystique, même si Thierry-Pierre Clément se garde de toute affirmation religieuse », note très justement Jean-Pierre Lemaire dans la préface du recueil. Voici donc le poète « assis au seuil de la cabane/la nuit close derrière/le jour ouvert devant ». Il peut alors chanter « l’inépuisable sang des arbres et des chemins », « la douceur du vent sur l’épaule »ou « l’ivresse mauve des lilas ». De nouveau un feu intérieur brûle et l’on peut remonter « jusqu’à la source ». Auparavant le poète aura « roulé la pierre » sur ses chagrins.