« Dès qu’on parle d’amour, on a vite fait de constater comme une femme ne s’exprime pas comme un homme… parce qu’elle est plus profonde… » nous dit M. Cazenave dans sa préface au très joli recueil de Danny Marc, Un grand vent s’est levé.
C’est un chant d’amour que nous délivre Danny Marc, porté par le désir et tout le corps d’une femme, l’amour venu du plus loin de soi sur lequel un jour « un grand vent s’est levé ».
Désir métamorphosé par ces « mains de soleil », ces « mains d’orfèvre », ces « mains de violence [qui] ont creusé au puits de ma tendresse », des « mains de soif » qui ont transcendé tous les rêves, épuisé toutes les certitudes, « ramené sur mes lèvres le chant des vagues ».
Un chant qui, au-delà des mers, dans l’attente et jusqu’à Ostende s’écrira « sur la page blanche de l’amour », « Ostende, plage de liberté ouverte », écrit Danny Marc.
Aborder le jour, dépasser l’attente et ses heures si longues, retrouver le « miracle de vivre » et cette nuit où « j’ai largué le monde/et pour quelques heures/lui ai demandé le silence ».
Tolède à midi pour aller « chercher un grand cri de soleil » viendra au fil des saisons et du retour de l’autre dire encore et encore « la lampe allumée au cœur de vivre », dire la ferveur et faire « le tour de l’amour ».
Entre les deux, rêver « comme un bateau prend la mer » dit-elle encore, citant J.P Rosnay.
Lui, toujours dans le désir illuminé, elle dans l’attente renouvelée, c’est une poésie simple et belle qui questionne l’autre, l’aimé :
« de quel volcan as-tu peuplé l’attente
de quelle vague as-tu soulevé le temple
de quelle déchirure as-tu fait basculer l’ordre établi »
La femme demeure dans cette nostalgie des « tendresses démesurées » du temps d’avant, celui « de toi que je ne connaissais pas/celui de moi que tu ne savais pas », souffre l’absence, cultive la patience et se souvient de « ce chemin du temps » où « tu inventais le temps en invitant le jour ».
Ce « grand cadeau de vivre » qui naît toujours de l’amour, voilà ce que nous offre avec ce petit recueil délicieux, Danny Marc que la magnifique post-face de Gaétan de Courrèges vient attester : « Dire je t’aime c’est mettre au monde
Donner la vie, donner la route, rompre cordons et amarres » et quand l’absence est séparation « la plage redevient désert, les étoiles se voilent et le pain quotidien n’a plus son goût de fête.
C’est alors que la femme invente l’écriture »
http://www.pippa.fr/Un-grand-vent-s-est-leve
Marie-Josée Desvignes
10 février 2014
http://marie873.wix.com/autre-monde#!biobibliographie/c1ktj
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