Un Petit Musée de la Poésie (1) : rencontre avec Sabrina De Canio et Massimo Silvotti
Maison de la poésie, Marché de la poésie… voici que nous ajoutons aux lieux de poésie le très paradoxal « Musée de la poésie » de Piacenza, œuvre conjointe de deux poètes un peu fous, Massimo Silvoti et Sabrina de Canio qui depuis 2013 animent et soutiennent ce lieu d’exception dont les actions s'étendent bien au-delà de ses murs.
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Sabrina De Canio et Giampiero Neri
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Massimo Silvotti et Giampiero Neri
Mais plus qu'une demeure, c'est un authentique palais, un petit Versailles de poésie. Après mille vicissitudes, ou plus précisément des performances dont nous reparlerons plus tard (et constamment sur le point de tout abandonner en raison d'un permanent et total manque de fonds), l'évêque de Plaisance nous a proposé l'église désacralisée de San Cristoforo comme le siège définitif du Musée , également connu sous le nom d'Oratoire de la Bonne Mort (ou Nouvelle Mort).
Dès le premier impact visuel, en regardant la façade inhabituelle de l'extérieur, placée en diagonale "en coin", la singularité architecturale absolue est évidente. En fait, il n'y a pas beaucoup de sanctuaires avec une entrée de ce type. En Émilie-Romagne, nous ne mentionnons que l'Oratoire de la Beata Vergine del Serraglio, à San Secondo Parmense. La ressemblance n'est pas fortuite puisque la paternité de l'Oratoire de Parme appartient à l'architecte, décorateur et scénographe bolonais Ferdinando Galli Bibbiena qui, de toute évidence, a participé à la conception de San Cristoforo avec son collègue Domenico Valmagini, architecte ducal, alors décorateur du dôme , un authentique chef-d'œuvre du quadraturisme baroque. Non seulement le dôme mais l'ensemble de l'appareil décoratif font de ce bijou un exemple rare de stature et de valeur européennes. On observe une multiplication d'effets illusionnistes, d'appareils éphémères, de fausses surfaces, d'objets, de figures, dans lesquels on se perd ou s'enchante en observant l'harmonie des couleurs, la passion portée par les figures et la plasticité souvent paroxystique des corps.
Sabrina De Canio
Pane
Vorrei tenere insieme tutti i pezzi
come il raspo fa con gli acini,
e non perdere né gli anni né gli amici,
né gli amanti a lungo amati
continuare a sentire il profumo
del bucato di mia madre
e del latte a colazione.
Ma questa vita ad ogni morso
è un pane che si sbriciola
se l’appoggi un attimo
qualcuno che sparecchia
se lo porta via.
*
Come perla
Come perla
mi lascio inanellare
dal fragile filo dei baratti con il tempo
scorro
al ritmo delle mie sorelle fino al nodo
non mi oppongo
al corso che mi è dato
dove il prima e il dopo
solo io conosco
sbiadisco
in fila indiana
nel silenzio prigioniera
di un bagliore incatenato
Pain
Je voudrais garder tous les morceaux ensemble
comme la rafle fait avec le raisin,
et ne perds ni tes années ni tes amis,
ni amants longtemps aimés
continuer à sentir
du linge de ma mère
et du lait pour le petit déjeuner.
Mais cette vie à chaque bouchée
c'est du pain qui s'émiette
si tu le poses un instant
quelqu'un qui clarifie
il l'enlève.
*
Comme une perle
Comme une perle
je me suis laissé accrocher
du fil fragile du troc avec le temps
je défile
au rythme de mes soeurs jusqu'au noeud
je n'objecte pas
au cours qui m'est donné
où l'avant et l'après
seulement je sais
je m'efface
en file
dans le silence de la captivité
d'une lueur enchaînée
Massimo Silvotti
dal nebbiaio di una raminga memoria,
di ramo in ramo, cercare
sponda nelle parole eco, manchevoli
poiché intangibile, ma pur sempre
presenze
aggiungo, in certa poesia
come per rendere fruttuosi gli ulivi
occorre che passi la luce tra i rami
de la brume d'un souvenir errant,
de branche en branche, chercher
banque dans les mots echo, manquant
parce qu'intangible, mais quand même
présence
J'ajoute, dans une certaine poésie
comment faire fructifier les oliviers
la lumière doit passer à travers les branches
(trad. M. Bertoncini)
*
leçon d'esthétique
imagine Pierre
dans le fracas parfumé de la pluie
ou racine, l'eau qui t'apaise
ravir ce sens
esthétique de la vie d'hier
comme des claviers sur un piano
surtout, quand il est enclin au silence
(texte original en français)