Frédéric Tison, Vesper et autres poèmes

2024-07-07T13:37:03+02:00

 

C’est comme cela que règne le soir
Au loin, dans le ciel, ver­sant ses arènes
Noires et ses derniers soleils.

Ta lampe est une étoile plus pâle
Ton vis­age un automne plus frêle
Sous la voûte où dérivent les êtres sombres.

Touche de ta main le soir qui vient
C’est ain­si que se brisent les miroirs.

 

(Poème inédit, 2013.)

La traque

Saisir la ville où l’ombre de toi-même est vague
Assez pour se con­fon­dre avec celles des arbres
Et mur­mur­er… : l’empire où tout bruit est si vaste
Que tes lèvres en d’autres lèvres sont tombées ;
D’autres ici ont passé comme toi pour trouver
Au car­refour de branch­es et de pierre un visage.

Poème extrait du livre Les Effi­gies (Librairie-Galerie Racine, 2013)

Nos corps

C’était comme si nos corps s’effondraient dans le soir
Que les branch­es, plus haut, multipliaient
Comme si nos forêts trou­vaient à boire
Dans l’ombre et comme si ce soir
Était pour nos regards un mer­veilleux visage
À embrass­er et à aimer.

Nos hâtes heur­taient la nuit. Notre connaissance
Des matins et des soirs était si frêle encore
Que nous voyions à l’ange des ailes froissées.

(Encore que les lam­pes s’encombraient
De papil­lons et de rêves pour la pensée
Ou qu’elles sem­blaient s’illuminer
À la façon de luci­oles et d’étoiles.)

Poème extrait du livre Les Effi­gies (Librairie-Galerie Racine, 2013)

Cette lampe…

Cette lampe quand nous étions à tâtons dans le noir
Avec le livre et nos ombres a bril­lé plus encore…
(Avec nos mots nous fai­sions l’ombre der­rière nous)

N’avons-nous pas contemplé
Que cet oiseau se posait sur le vent

Nous ne sommes rien d’autre
Qu’une patience de nous-mêmes
Sans fleurs avec la fleur d’une pen­sée sans nous

Nous rêvâmes et nos corps ébran­lèrent la douceur
D’un dieu qui est l’oiseau intime des vents.

(Celui des riv­ières de bruits.)

Poème extrait du livre Les Ailes bass­es (Librairie-Galerie Racine, 2010)

Le jardin de regards

Telle d’Écho la pen­sée splendide
De per­dre à la fin Nar­cisse dans l’Eau
Je sais ce jardin où je me sème.

Si je brise ce jour la jeune image
Dans l’arbre – aux miroirs de moi-même
Reflétés dans le feuil­lage – et me devance

Souri­ant ! désen­lacé des branches
… Où je me vois encore – tra­ver­sé d’oiseaux lents.

Et m’allonger au jardin blanc – d’arbres encore
Comme de plus lentes fleurs – me délivre, encore

La geste des jours où me rêve déjà
Le calme vieil­lard en son jardin de regards.

Poème extrait du livre Les Ailes bass­es (Librairie-Galerie Racine, 2010)

Présentation de l’auteur

Frédéric Tison

Frédéric Tison, né en 1972 à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, vit et tra­vaille à Paris, au milieu de livres. Il est l’auteur d’une dizaine de livres de con­tes et de poésie, dont Anuho (Les Qua­tre Livres) (Lar­baud et Cie, 2005), Les Ailes bass­es (Librairie-Galerie Racine, 2010), Les Effi­gies (Librairie-Galerie Racine, 2013). Quelques uns de ses textes ont paru dans la revue de poésie Les Hommes sans Épaules. En 2013, il col­la­bore avec le pein­tre et graveur Renaud Alli­rand pour un livre d’artiste, Une autre ville, présen­té au Cab­i­net d’arts graphiques du musée des beaux-arts d’Orléans. Il est égale­ment l’édi­teur de textes rares et oubliés des XII­Ie, XVe et XVIe siè­cles (Jehan Renart, Charles d’Orléans, Mau­rice Scève, Éti­enne Dolet…). Il pub­lie encore, en tant que pho­tographe ama­teur, ses pro­pres albums de pho­togra­phies, et pra­tique l’aquarelle et l’encre de Chine.

Son blogue : http://leslettresblanches.hautetfort.com/

 

Frédéric Tison
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