C’est comme cela que règne le soir
Au loin, dans le ciel, versant ses arènes
Noires et ses derniers soleils.
Ta lampe est une étoile plus pâle
Ton visage un automne plus frêle
Sous la voûte où dérivent les êtres sombres.
Touche de ta main le soir qui vient
C’est ainsi que se brisent les miroirs.
(Poème inédit, 2013.)
La traque
Saisir la ville où l’ombre de toi-même est vague
Assez pour se confondre avec celles des arbres
Et murmurer… : l’empire où tout bruit est si vaste
Que tes lèvres en d’autres lèvres sont tombées ;
D’autres ici ont passé comme toi pour trouver
Au carrefour de branches et de pierre un visage.
Poème extrait du livre Les Effigies (Librairie-Galerie Racine, 2013)
Nos corps
C’était comme si nos corps s’effondraient dans le soir
Que les branches, plus haut, multipliaient
Comme si nos forêts trouvaient à boire
Dans l’ombre et comme si ce soir
Était pour nos regards un merveilleux visage
À embrasser et à aimer.
Nos hâtes heurtaient la nuit. Notre connaissance
Des matins et des soirs était si frêle encore
Que nous voyions à l’ange des ailes froissées.
(Encore que les lampes s’encombraient
De papillons et de rêves pour la pensée
Ou qu’elles semblaient s’illuminer
À la façon de lucioles et d’étoiles.)
Poème extrait du livre Les Effigies (Librairie-Galerie Racine, 2013)
Cette lampe…
Cette lampe quand nous étions à tâtons dans le noir
Avec le livre et nos ombres a brillé plus encore…
(Avec nos mots nous faisions l’ombre derrière nous)
N’avons-nous pas contemplé
Que cet oiseau se posait sur le vent
Nous ne sommes rien d’autre
Qu’une patience de nous-mêmes
Sans fleurs avec la fleur d’une pensée sans nous
Nous rêvâmes et nos corps ébranlèrent la douceur
D’un dieu qui est l’oiseau intime des vents.
(Celui des rivières de bruits.)
Poème extrait du livre Les Ailes basses (Librairie-Galerie Racine, 2010)
Le jardin de regards
Telle d’Écho la pensée splendide
De perdre à la fin Narcisse dans l’Eau
Je sais ce jardin où je me sème.
Si je brise ce jour la jeune image
Dans l’arbre – aux miroirs de moi-même
Reflétés dans le feuillage – et me devance
Souriant ! désenlacé des branches
… Où je me vois encore – traversé d’oiseaux lents.
Et m’allonger au jardin blanc – d’arbres encore
Comme de plus lentes fleurs – me délivre, encore
La geste des jours où me rêve déjà
Le calme vieillard en son jardin de regards.
Poème extrait du livre Les Ailes basses (Librairie-Galerie Racine, 2010)