W.B. Yeats, Ainsi parlait Yeats, Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Marie-France de Palacio

Par |2024-07-07T13:35:52+02:00 7 juillet 2024|Catégories : Essais & Chroniques, William Butler Yeats|

Dans sa présen­ta­tion, la tra­duc­trice Marie-France de Pala­cio pré­cise que Yeats est assez peu con­nu en France. Il est donc à décou­vrir en tant qu’écrivain exigeant tant dans le con­tenu que dans la forme don­née à ses écrits. 

De cul­ture imposante, il ne la met cepen­dant jamais en avant tout comme il demeure par­ti­c­ulière­ment cri­tique avec lui-même, tou­jours revenant sur ses écrits. Sim­ples d’expression, ces derniers sont capa­bles de dire le plus com­plexe. Le savoir de Keats est sous jacent à sa pen­sée. « Il suf­fit à Yeats de quelques mots, tout au plus de quelques phras­es, dont la con­struc­tion déroute par­fois, pour esquiss­er une vérité philosophique simul­tané­ment ter­ras­sante et exal­tante », nous dit la préfacière.

Les textes choi­sis offrent tout un pan de la créa­tion de l’auteur s’inscrivant entre 1889 et 1939 autour des gen­res adop­tés par l’auteur : théâtre, poésie et essais. A tra­vers ses thèmes, Yeats est un mys­tique dans l’âme sans sépa­ra­tion avec la réal­ité de l’existence. Pour lui, il s’agit de regarder en dedans de soi, d’être à l’écoute de son cœur afin de s’orienter vers un savoir juste. Il fixe des con­stats, dres­sant par­fois des incom­pat­i­bil­ités rad­i­cales : l’amour est dif­férent de l’amitié, l’un est champ de batailles, l’autre pays tran­quille. Vieil­lis­sant, il par­court ce qu’il fut afin de con­sid­ér­er qu’il est devenu « rien ». Un cer­tain pes­simisme peut envahir les frag­ments ren­voy­ant au passé. Cepen­dant, il n’est pas sans énergie puisqu’être au-devant demeure un mou­ve­ment qui le mène.

W.B.  Yeats, Ain­si par­lait Yeats, Dits et maximes de vie choi­sis et traduits de l’anglais par Marie-France de Pala­cio, Paris : Edi­tion Arfuyen, édi­tion bilingue, 2021, 174 p, 14 €.

Il affirme « la révolte de l’âme con­tre l’intellect » dans « l’époque usée » qu’est la sienne. Il désire que l’imagination, l’émotion, les états d’âme, la révéla­tion con­duisent la vie humaine. Pour lui, une cer­taine évo­lu­tion de la société est la source d’un éparpille­ment : « notre vie au sein des villes, qui assour­dit ou tue la vie médi­ta­tive pas­sive, et notre édu­ca­tion, qui élar­git le champ de l’esprit isolé et autonome, ont ren­du nos âmes moins sen­si­bles. » Obser­vant les com­porte­ments de ses conci­toyens, l’auteur con­state un cer­tain déclin. Une maxime en est une des traces : « Quand la vie indi­vidu­elle ne se réjouit plus de sa pro­pre énergie, quand le corps n’est pas for­ti­fié et embel­li par les activ­ités de la vie quo­ti­di­enne, quand les hommes n’ont pas de plaisir à orner leurs corps, on peut être cer­tain de vivre dans un sys­tème voué à dis­paraître, par­mi les inven­tions d’une vital­ité décli­nante. » Les maximes fix­ent des com­porte­ments et des morales : « Dans la vie, la cour­toisie et la maîtrise de soi ; et dans les arts, le style, sont les mar­ques les plus évi­dentes de l’esprit libre […]. » Yeats croit en la poésie et ses mots ren­voy­ant à une sym­bol­ique et, par voie de con­séquence, à leur au-delà à con­di­tion qu’elle engen­dre la réflex­ion. Et il y a cette dernière maxime flam­boy­ante inscrite en qua­trième de cou­ver­ture : « Nous com­mençons à vivre lorsque nous avons com­pris que la vie est une tragédie. »

Yeats trou­ve un avan­tage lié au vieil­lisse­ment qu’il vit plutôt bien dans le sens où la joie, terme fréquent sous sa plume, se trou­ve décu­plée et le cœur plein ; ce qui représente une force pour faire face à la « Nuit gran­dis­sante / Qui ouvre les portes de son mys­tère et de son effroi ». Rem­pli de cette énergie qu’il n’espérait plus, sa quête prend fin avec la pos­si­bil­ité « de con­sign­er ses pen­sées les plus fondamentales ».

Présentation de l’auteur

William Butler Yeats

William But­ler Yeats est un poète et dra­maturge irlandais.

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Nelly Carnet

Née en 1970, elle rend compte des livres, et plus par­ti­c­ulière­ment des textes poé­tiques, depuis 1996 dans divers­es revues. Chaque année, depuis 2017, elle organ­ise pour une asso­ci­a­tion d’art des expo­si­tions dans la baie du Mont Saint Michel. Des con­certs poé­tiques ont été tenus afin de représen­ter la musique et la lit­téra­ture. Les œuvres exposées sont accom­pa­g­nées d’un texte poé­tique en col­lab­o­ra­tion avec des édi­teurs et des écrivains.

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