Xavier Bordes, L’œuvre du Noir

Quelque part à l’horizon où la poussière de silice rousse
S’efface en longeant le mirage
Je regarde passer le souvenir des Hommes du Matin
Égrenant leurs caravanes bleues

De rares touffes de cet halfa gris qu’on tresse pour les couffes
Ponctuent la distance ondulante
Sparte et l’alphabet grec Les soldats noirs sur les poteries rouges
Achille nu brandit sa lance contre Hector

Bizarre comme dans ma tête un mot arabe
Réveille d’injustifiables images
Voici le soukh et ses couffins avec leurs cônes colorés
Poudre d’épices, de grains aux noms oubliés

Pareilles à ces bols de toutes les couleurs
Dont tu broyais dans l’huile cuite et odorante
(A faire bouillonner jusqu’à ce que le duvet frise !)
Le cadmium, l’outremer, le vermillon, la strontiane et la garance…

A présent c’est Van Eyck et son vernis d’ambre dissout à froid
Qui paraît : Giovanni Arnolfini et son épouse Le lustre cuivré
Plus bas le miroir de sorcière et plus bas le cabot grincheux
Et les socques de bois dans le coin gauche…

L’émerveillement absolu ! Ah si tu pouvais peindre
Avec l’ambre des mots un réel qui soit aussi solide
Et traverse le temps ! Mais ton poème à toi
Est comme l’horizon qui tremble en longeant le mirage !

Juste un souffle d’air pur et l’immense désert blême
Tandis que dans le ciel du soir – à l’instant où commence
Ton écriture ténébreuse – ne s’allume
Qu’une beauté impartagée et son frisson d’étoile solitaire !

Présentation de l’auteur

Xavier Bordes

Xavier Bordes, né le 4 juillet 1944, dans le village des Arcs en Provence (Var).

Études musicales et classiques.
Organiste. Étude de composition, théorie atonale et orchestration avec Julien Falk. Thèse de doctorat sur Joë Bousquet, sous la direction de Jean-Pierre Richard.
Musicologie (instruments et musique des Aymara en Amérique du Sud).
Quitte Paris pour une mission de musicologie au Maroc et Sahara.
S'installe à Oued-Zem, puis à Mohammedia en 1973. 
Enseignement et journalisme (Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, conférences nombreuses, notamment dans les Centres Culturels).

Traductions de poètes Grecs : Elytis, prix Nobel de Littérature, puis Cavafy, Solomos, Anagnostakis, Davvetas, Zakythinos principalement.

Commence une œuvre poétique en 1979.

Retour en France (Paris) fin 84. Travaille dans l'édition musicale (direction artistique). Lecteur de grec pour les ED. Gallimard.
Membre du comité de la revue PO&SIE (Rédacteur en chef, Michel Deguy) avec Jacques Roubaud, Michel Chaillou, Robert Davreu, Alain Duault, Pierre Oster notamment.
En 1989 en collaboration avec l'entreprise DBE, X.B. expose un poème de 300 m² sur une façade du 6 avenue de Friedland à Paris, associé à une conférence et un exposé théorique à la Maison des Écrivains.

Xavier Bordes

L'université de Poitiers, du 16 au 21 novembre 1992, X.B. entreprend, avec les Ed. Mille et une nuits, la publication en volumes à 10frs d’œuvres philosophiques gréco-latines liées à l'univers contemporains : Epicure, Ovide, Sénèque, Théophraste, etc... Le public démontre par son intérêt que la culture antique reste d'actualité, Épicure notamment parvient à un tirage de plus de 250000 exemplaires.

Parmi diverses manifestations, les poèmes de Xavier Bordes ont fait l'objet de plusieurs émissions sur France-Culture et d'autres radios pour sa poésie et ses traductions d’Épicure et de Sénèque.

Du 12 au 18 février 1996, les poèmes du poète grec Odysseas Elytis traduits par X. Bordes (en collaboration avec R. Longueville) ont fait l'objet de lectures quotidiennes à France-Culture.

Prix Max Jacob 1999 pour «Comme un bruit de source».
Poursuit depuis une œuvre de poète et de traducteur, en grande partie publiée directement sur internet (Calameo – Word presse – Overblog).

Son blog : xavier.bordes.over-blog.com

En 2011, au cours de l'année anniversaire de la naissance d'Odysseas Elytis, X.B. fait don de ses archives Elytis à la Bibliothèque Gennadios à Athènes (Fond Bordes).
Participe aux destinées de la revue belge Traversées couronnée récemment d'un prix de la Revue Poétique 2011.

X. Bordes vit et travaille actuellement à Paris.

Poésie

  • Le Sans-Père à Plume avec une préface de Michel Deguy  (Ed. de Loess)  1982
  • L'Argyronef (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1984
  • Syrinx (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1985
  • Ma Venise (Ed. Eyras - Madrid) 1985 Version F. et Espagnole  (trad. Micheline          Durand).
  • Alphabets (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1986
  • La Pierre Amour, poèmes 1972-1985 (Ed. Gallimard.  Distingué par l'Académie Française.) 1987
  • Elégie de Sannois (NRF juillet-Août 88)
  • Notes pour des chasses rêvées (Ed. d'Art D. Martin 1988)
  • Onze poèmes tirés d'une conque (Recueil - Champ Vallon) 1988
  • Le masque d'Or  (Ed. de Loess,  St Martin de Cormières.) 1988
  • Poèmes Carrés (Ed. Belin, revue PO&SIE) 1988
  • La chambre aux Oiseaux (Edition d'art J.C. Michel  - Nancy) 1989
  • Sonnets  (Ecbolade
  • Aphrodite (Ed. Gnôsis & Enrico Navarra - avec Michel Deguy, D. Davvetas, Jean Luc Nancy, M. Abramovicz, etc...) 1990
  • Rêve profond réel (Recueil - Champ Vallon) 1991
  • Impérissables passements de lumière - Rougemont  (Ed. galerie P. Gabert, Paris) 1992
  • Levées d'ombre et de lumière, (avec le peintre Rougemont.) (Paris - Cercle des 101 femmes          Bibliophiles) 1992
  • Le grand Cirque Argos (ED. Robert et Lydie Dutrou) 1993
  • Je parle d'un pays inconnu (ED. Le Cri & Jacques Darras, Bruxelles) 1995
  • Comme un bruit de source (Ed. Gallimard, Paris) 1999
  • L’étrange clarté de nos rêves (Ed. Associatives Clàpas, Millau) 1999
  • A jamais la lumière (Ed.Gallimard, Paris) 2001
  • Quand le poète montre la lune... (Ed; De Corlevour, Paris) 2003

 

A cela il faut ajouter plusieurs volumes publiés sur le Net, à l'adresse :

 Principales traductions

  • D' Odysseas Elytis (grec, prix Nobel 1979, traduit en coll. avec R. Longueville) :
  • Marie des Brumes (Ed. La Découverte) 1984 (réed. en 86)
  • To Axion Esti (Ed. Gallimard) 1987
  • Avant Tout (Cahiers de l'Egaré - Le Revest) 1988
  • Elytis - un méditerranéen universel  (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1988
  • Surréalistes Grecs (Traductions et études en Catalogue Paris - Exposition au Centre Pompidou.) 1991
  • Le Monogramme (NRF - Ed. Gallimard - juillet-août 1996)
  • Axion Esti suivi de L'Arbre Lucide et du Journal d'un invisible Avril. (Ed. Gallimard - Paris) 1996
  • D’Épicure : Lettre sur le bonheur (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • D'Ovide : Remèdes à l'Amour (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Sénèque : De la brièveté de la vie (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • De Cicéron : Lélius ou l'amitié (Ed. Mille et une nuits) 1995  
  • De Théophraste : Les Caractères (Ed. Mille et une nuits) 1996 
  • De D. Davvetas : Soleil Immatériel (Ed. Galilée) 1989
  • La Chanson de Pénélope (Ed. Galilée) 1989
  • Poèmes (Revue PO&SIE, Belin) 1989
  • Le manteau de Laocoon (Ed. Galilée) 1990
  • D'Alexis Zakythinos : Les noyés du grand large (Ed. J.C. Valin  - Hautécritures) 1989
  • De Manolis Anagnostakis : Les Poèmes,    (Ed. Le Cri et J. Darras, Bruxelles)  1994 
  •  (avec la coll. de Démosthènes Davvetas.)

Anthologie

  • 27 Poètes grecs contemporains  (Ed. Revue In'Hui, Le Cri.) 1994 en collaboration avec Robert Longueville.

Principaux essais et préfaces

  • Mystique, de Joë Bousquet (Ed. Gallimard) 1972 
  • Imaginer la Tour Eiffel dans la brume...   (Revue In'Hui - 38 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Sur la Saison en Enfer de Rimbaud (Ed. Mille et une nuits) 1993
  • Relire Aragon (Revue In'Hui - 1995 - Le Cri et J.D., Bruxelles.)
  • Fragments d'un Dieu-Michaux  (La Licorne, UFR Langues Littératures Poitiers - 1993)

 

Publications diverses dans :

  •  Po&sie (Ed. Belin), Europe, La Lettre Internationale, la NRF, In'Hui, Recueil, des revues universitaires, etc... Ainsi que des textes critiques sur de nombreux peintres et photographes (Rougemont, Le Cloarec, Tisserand, Four, Brandon, Leick, etc...)  

 

Autres lectures

Xavier Bordes, La Pierre Amour

Il en est des livres comme des pays : si l'on peut, seul, découvrir des merveilles au cours d'un voyage, le soutien éclairé d'un guide permet la connaissance des ressorts et des lieux [...]

Xavier Bordes : la conjuration du mensonge

Cet article a d’abord été publié sur Causeur le 25 février 2018. Proposé dans la version que vous avez sous les yeux, et accepté sans qu’il soit demandé à l’auteur de le retravailler. [...]