Xavier Grall, Les Billets d’Olivier réédités
Relire Xavier Grall : l’écrivain, le poète, le journaliste. Mais aussi le chroniqueur. Pendant plus de dix ans (de 1972 à 1981), il a livré chaque semaine de courts textes à l’hebdomadaire « La Vie catholique » sous le titre « Chronique du Logeco » (avant son retour en Bretagne) puis « Les Billets d’Olivier », enfin « Les vents m’ont dit ».
Ces chroniques ont largement contribué à construire sa réputation d’écrivain au-delà des cercles principalement intéressés par sa poésie. Elles ont fait de Grall un écrivain « populaire » (au bon sens du mot) que tout le monde pouvait lire (et comprendre) en feuilletant l’hebdo catholique. Ce rendez-vous était attendu par des nombreuses familles bretonnes puisque Grall parlait à ces lecteurs de ce pays où il revenait vivre après des années parisiennes passées du côté de Sarcelles. Saluons-donc la réédition de ces Billets d’Olivier par les éditions Terre de Brume (1).
Ce qui y domine, à l’évidence, c’est le retour aux racines, le bonheur de humer un terroir par tous les pores de la peau, de voir grandir ses « divines » (cinq filles) sous le soleil capricieux ou les vents hurlants de la Cornouaille. Son point d’ancrage (son « royaume »), à partir de 1974, sera le hameau de Botzulan « dans la campagne de la belle Aven, au pays du cidre et de l’hydromel ».
Xavier Grall nous invite, durant toutes ces années de grande effervescence culturelle et politique en Bretagne, à partager ses joies et ses humeurs. A mesurer aussi, au détour d’un billet, les difficultés d’une vie d’écrivain et journaliste free lance :
Mes filles, que mettrai-je donc dans vos sabots ? Ces jours sont rudes qui ne savent pas où nous serons demain. J’ai attendu des droits d’auteur qui ne sont pas venus. Que mettrai-je dans vos sabots ? (19 décembre 1973).
Mais il y a, autour de lui, foisonnant, la nature qui apaise, cette « Cornouaille préservée, secrète et bocagère » qu’il arpente. Il y a aussi ces « moissons d’amitié » qu’il engrange « au doux grenier de la mémoire ». Il y a, surtout, le cercle familial : les filles qui grandissent et qui commencent, pour certaines, à prendre leur envol. « Ah, les temps passants ! Mais n’est-ce pas nous qui passons ? » Demeurent les saisons.
L’été fut splendide et l’automne somptueux. Ne nous plaignons pas. Soumettons-nous à la loi des saisons. Au temps de la lumière et des couleurs succède celle de l’ombre. Et de la méditation (3 décembre 1975).
Relisons Grall. Ces billets ont gardé tout leur « jus ». Ils nous parlent d’amour, d’amitié, de fraternité, de complicité avec les plantes, les fleurs, les bêtes. C’est d’abord un poète qui parle.